S'ouvrir à de nouveaux horizons

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Ne laissez plus chez vous cette partie de vous-même qui constitue votre identité propre : faites du cinéma ! Epanouissez-vous dans un projet de film, développez vos compétences artistiques, aiguisez votre regard, venez à la rencontre de l'autre, développez votre esprit critique, améliorez votre maîtrise des outils du cinéma et de l'audiovisuel, et ouvrez-vous à l'international !

samedi 20 avril 2024

Film d'Alain Resnais paru en 1959

Analyse du début du film...

Le film s’ouvre sur un fond noir et une sorte de pousse de chardon pouvant symboliser les survivants miraculés d’une terre dévastée… ou une cicatrice jamais refermée… ou une ville vue du ciel, ville sur le point d’être bombardée… selon les interprétations… La musique de Giovani Fusco entretient le suspense, le mystère,   tout au long du générique, créant une certaine angoisse chez le spectateur.

Fondu … ouverture sur deux corps enlacés…. Gros plan empêchant de distinguer nettement ce qui créé là aussi une attente et un mystère… pluie de sable pailleté… ceci peut faire penser aux corps retrouvés dans la maison de Polybe à Pompéi, pétrifiés par la pluie de cendres, enlacés … puis gouttelettes de sueur… puis doigts de main féminine serrant peau d’une épaule… l’étreinte amoureuse suggérée se termine … puis dialogue

Tu n’as rien vu à Hiroshima rien

J’ai tout vu tout. Ainsi l’hôpital je l’ai vu

Plan extérieur du dernier étage de l’hôpital dont la tour ornée d’une croix se détache sur le ciel. Contre plongée signe d’une élévation spirituelle… l’effort de réflexion, de mémoire…

J’en suis sûre. L’hôpital existe à H comment aurais-je pu éviter de le voir…

Travelling avant très lent et planant, onirique, dans le couloir de l’hôpital montrant une personne malade à l’entrée de chaque chambre

Raccord dans le mouvement : poursuite du  travelling avant mais aboutissant à un plan très rapproché : nous entrons dans l’une des chambres avec au premier plan une femme qui nous regarde et dont on voit le visage en quasi gros plan, et en arrière plan une malade allongée. Découverte ensuite que la femme du premier plan en cache une autre allongée également en train de lire. Le spectateur va de surprise en surprise…

Elle détourne la tête de gauche à droite de l’image, or les deux plans suivants nous montrent les autres malades se détournant également après nous avoir aperçus : l’une dans le même sens que la première (continuité fluide du mouvement), l’autre dans l’autre sens (formant ainsi une ellipse).  Sorte de chorégraphie circulaire mimant l’indifférence, le lieu clos, l’isolement … Que penser de celui qui vient filmer tout cela si tardivement… l’aide n’est jamais venue… il est maintenant trop tard (12 ans après : la jeune femme est censée être à H en 57), le mal est fait… Les victimes de la bombe sont devenues les "hibakusha" (victimes de la bombe), mot formé pour l'occasion. Non seulement ils ont souffert physiquement, en l'absence de traitement adapté, mais ils ont aussi eu honte d'avoir été des vaincus. Ils ont connu la discrimination dans leur vie professionnelle, un taux de chômage très élevé, et dans leur vie privée, isolés de leurs anciens amis. Les suicides ont été très nombreux. De surcroît, un grave problème psychologique et social se pose: même si "aucun effet génétique, à partir de la deuxième génération, ne peut être attribué aux radiations", comme l'a démontré l'Atomic Bomb Casualty Commission, la transmission héréditaire de la "maladie atomique" est un sujet d'angoisse pour les Japonais, dont on note généralement les réticences à épouser un homme ou une femme d'Hiroshima. Que penser des deux corps que l’on vient de nous montrer ? L’étreinte amoureuse semble d’un seul coup paradoxale comme le titre d’ailleurs antinomique « H mon amour ». Comment l’amour peut-il être possible dans un lieu si chargé de mort…

Tu n’as rien vu à Hiroshima

Retour sur gros plan main de la femme sur épaule de l’homme… elle ne serre plus mais caresse

Quatre fois au musée

Quel musée à H ?

Plan extérieur d’ensemble du musée en contre plongée : sorte d’objet architectural non identifié et inquiétant, vestige contemporain, en béton sans âme, sorte de tombeau, mausolée, énigmatique démesuré, bâtiment à l’architecture austère aux verticales nombreuses rappelant les barreaux d’une prison : le souvenir semble  enfermé dans une boîte… boîte de Pandore ? Celle qui fait sortir les présents des profondeurs  en fait la Déesse de la terre qui préside à la fécondité… Pandore fut créée sur l'ordre de Zeus qui voulait se venger des hommes pour le vol du feu par Prométhée. Zeus offrit la main de Pandore à Epiméthée, frère de Prométhée. Pandore apporta dans ses bagages une boîte mystérieuse qu'il lui fut interdit d'ouvrir. Celle-ci contenait tous les maux de l'humanité, notamment la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie et la Passion, ainsi que l'Espérance. Une fois installée comme épouse, elle céda à la curiosité et ouvrit la boîte : elle libéra ainsi les maux qu'elle contenait. Elle referma la boîte trop tard pour les retenir, et seule l'Espérance, plus lente à réagir, y resta enfermée…

3 plans se succèdent plus rapprochés montrant trois facettes plus précises du bâtiment en terminant par l’escalier. Les plans suivants symbolisent la montée des escaliers qui permettent d’accéder au musée.

Ici surprise ! Plan fixe en plongée sur une boule à facette… atome… discothèque… la musique devient enjouée genre fox trot… puis plan sur reproduction au mur de photo du champignon atomique pris depuis la mitrailleuse arrière de l’Enola gay… sensation et efficience dignes du montage d’attractions d’Eisenstein… pendant que certains fêtaient la libération 140 000 civiles innocents mouraient sous la bombe… pendant que certains ont une existence légère insouciante et frivole, d’autres vivent encore dans leur corps et leur esprit le traumatisme de la guerre…

Les gens se promènent pensifs  devant les photographies les reconstitutions…

Plusieurs plans se succèdent en travelling latéral suivant par anticipation les anonymes (on ne voit que leurs jambes ou presque) qui regardent pensifs les photos.

2 petits japonais avancent, et, débute ensuite une spirale à l’intérieur du musée…

Se succèdent alors les plans rapprochés de maquettes –avion Enola gay ? Travelling latéral circulaire gauche droite – ville H ? Travelling circulaire gauche droite arrière laissant apparaître les enfants tout autour de la maquette qu’ils encerclent et regardent avec curiosité apparaissant tour à tour sur la gauche de l’écran au premier plan-

Le fer, le fer brisé, le fer devenu vulnérable comme la chair…

Travelling arrière vers plan large d’un rail de chemin de fer déformé : qu’en est-il alors de la chair ? le spectateur angoisse à cette interrogation…-  travelling latéral circulaire autour d’un vélo déformé et torturé par l’impact et la chaleur – vision d’un amas de capsules  « en bouquet » dit la voix off. Qui aurait pensé … qu’une telle atrocité puisse créer des choses aussi surprenantes ?  Qu’a-t-il pu en être des cops humains ? L’angoisse monte, l’intensité dramatique augmente… Succession de travellings latéraux gauche droite : membres disloqués dans formol – pierres sculptées désolidarisées –

Des chevelures anonymes …

Le texte anticipe l’image… ce qui créé l’anxiété du spectateur car il imagine avant de voir… or l’élément dont il s’agit est matière humaine … suscite l’effroi…

Que les femmes de H retrouvaient toutes entières tombées au réveil

Travelling avant et vertical haut bas sur la touffe de cheveux jusqu’au très gros plan : vision progressive = retardement de la visualisation d’où attente du spectateur et terreur

Travelling droite gauche dans le musée puis travelling avant sur photo de victime de la bombe puis très gros plan et travelling bas haut de cette même photo.

Sur la place de la paix… j’ai eu chaud… je le sais… l’herbe c’est bien simple… (implicitement ne repousse pas)

La voix off semble procéder à l’empathie et l’identification. Travelling latéral droite gauche sur la place en question. Elle a eu chaud dit-elle… peut-on vivre les choses par images interposées ?

Tu n’as rien vu à H

La voix masculine lui rappelle que malgré tous ses efforts de compassion et d’identification, cela reste comme si elle n’avait rien vu à H. Les maquettes et les photos ne peuvent remplacer le vécu et son traumatisme.

Retour au gros plan sur main féminine et étreinte amoureuse : le spectateur est mal à l’aise…

Reconstitutions le plus sérieusement possible … les films ont été faits le plus sérieusement possible…

Travelling latéral de mannequins montrant les impacts de la bombe sur les corps

L’illusion est tellement parfaite que les touristes pleurent

Sérieusement, parfait… Les reconstitutions semblent pourtant bien artificielles… L’on voit un extrait de film genre  « montage d’attractions » sur H brulant, et un homme hurlant de douleur- autres plans de la population dans l’eau et les flammes

Que peut faire d’autre un touriste que justement pleurer ?

Travelling latéral droite gauche sur les corps pétrifiés et écorchés et les rescapés notamment des enfants perdus… soit parmi eux soit en plongée (victimes)

Travelling latéral gauche droite toujours puis panoramique sur gravas et une femme sortant du toit d’une maison détruite et découvrant avec horreur le lieu dévasté.

Retour à images d’archive sur H dévastée en panoramique gauche droite très long à perte de vue…

J’ai vu les actualités.

La source des images est énoncée après coup : ce que l’on pouvait prendre pour de la fiction tant cela paraît énorme est en fait réalité… ce décalage entre info voix et image est important car il génère la stupéfaction tout en entretenant l’intensité dramatique

Succession de plans montrant tour à tour les rescapés : insectes, chien, humains… pas de distinction… tout le monde sur le même plan… voilà comment les actualités ont montré cela à l’époque sans plus de considération pour la population…

J’ai vu les actualités

Tu n’as rien vu à h

Bleuets et glaïeuls…

Fleurs de l’amour et de la mort…

La vie reprend mais on cache l’ampleur de la mort… les images, elles, nous montrent maintenant ce que les actualités ont caché… des enfants blessés, sans cheveux, mâchoire éclatée,

Qui renaissaient des cendres avec une extraordinaire vigueur…

Contraste entre le discours positif et poétique de la voix off et donc des actualités de l’époque, et des images qui nous sont montrées : corps mutilés et brulés notamment de bébés…intervention chirurgicale sur œil… contraste avec plan suivant retour sur les amants… montage d’attractions… agression du spectateur choqué.

S’accommodent…féconde…

Le contraste continue avec la vision des personnes priant, ou observant leurs cheveux tomber : succession de plans fixes cette fois ci puis retour aux amants = cet aller retour est de plus en plus choquant, met mal à l’aise le spectateur

Ecoute je sais, je sais tout.

Voix off présomptueuse arrogante alors qu’elle n’était pas sur place quand… vision d’explosions lointaines comme feux d’artifice : voilà le problème… de graves explosions lorsqu’on les observe au loin peuvent paraître de simples feux d’artifice… être loin implique une dédramatisation… celui qui n’a pas vécu ne peut prétendre savoir…

Tu ne sais rien.

Ça continue… les hommes risquent d’être frappés de stérilité mais ça continue…

La bombe fut dévastatrice sur l’instant mais aussi dans le temps, sur la durée… Des plans se succèdent ayant pour raccord l’eau : la pluie qui fait peur parce qu’elle s’infiltre contaminée par les radiations… les pêcheurs du pacifique atteints ou morts au contact de l’eau… gros plan sur un poisson contaminé puis sur des centaines de poissons contaminés… puis pano haut bas sur poissons contaminés jetés dans la fosse… un poisson en carton au bout d’une pique dans une manifestation dénonçant le manque de nourriture et d’eau potables… un manifestant en colère …. Travelling avant sur la manif et ses banderoles…. Plongée sur des milliers de manifestants qui comme les poissons contaminés semblent se multiplier : la pluie contaminée engendre une marée humaine, une marée de manifestants (pano droite gauche suivant son flot continu)

Ecoute moi, comme toi je connais l’oubli…

Gros Plan fixe d’un petit temple en perles japonaises

Non tu ne connais pas l’oubli.

Succession de plans sur magasins de souvenirs désertés… contrairement à ce qu’affirme le discours entêté de la voix off, nous comprenons que l’oubli s’est installé…

Comme toi je suis douée de mémoire

Non tu n’es pas douée de mémoire

Plusieurs plans de pierres, monuments érigés sans doute en mémoire de… isolés, dépourvus d’humanité et d’âme… seul un chat errant semble roder par là…

Enfin l’on voit quelques pers s’y diriger mais de manière très artificielle et sinon ils passent devant sans considération aucune

Vision d’un bus « atomic tour » qui peut paraître ridicule,  souci mercantile… comment visiter vendre, payer pour … un souvenir aussi funeste ? coté puis travelling arrière de face.

Comme toi j’ai oublié … pourquoi nier l’évidente nécessité de la mémoire ?

Contre plongée vue du ciel à travers une sorte de panthéon auquel il manquerait la coupole… la mémoire s’est envolée… bâtiment de la navigation fluviale…

Les amants de nouveau. Puis plans fixes sur arbres replanté.

Ca recommencera : 200000 morts

Décalage entre la vie que l’on tente de redonner à travers la plantation de quelques arbres et le nombre gigantesque de morts… décalage choquant : futile action si tout cela recommence…. Un immeuble au loin est reconstruit… à quoi cela sert-il ? Absurdité du monde qui ne tire pas les leçons du passé.

Ca recommencera il y aura 10000 degrés sur la terre, 10000 soleils dira-t-on…

Succession de plans montrant la ville reconstruite tentant de reprendre vie : décalage avec les prémonitions de la voix off…

Enfants, chardon, végétation…

Plan aérien d’H

Les 7 branches de l’estuaire en delta de la rivière Ota se vident et se remplissent à l’heure habituelle d’une eau grise et poissonneuse grise ou bleue suivant l’heure et les saisons

Plans d’un pont qui se succèdent montrant les gens en train de circuler sans prêter attention … la répétition du texte symbolise le déroulement des saisons, le temps qui passe… ritournelle…  routine… vie circulaire… tourne en boucle… on oublie le passé…

Fondu enchainé sur les amants

Je te rencontre je me souviens de toi qui es tu ?

Travelling  avant planant accéléré caméra sur toit voiture… vision onirique…on traverse H qui s’est reconstruite.

tu me plais

confusion entre l’amant rencontré et H

quelle lenteur tout à coup, quelle douceur !

l’étreinte amoureuse se fait-elle avec l’amant ou la ville ? Avec les deux.

Tu me tues, tu me fais du bien.

L’ambiguïté persiste et s’y ajoute un paradoxe : épuisement et à la fois bien être qu’entraine l’acte sexuel. Il en sera de même pour cette rencontre Hiroshima et ce Japonais / Nevers et cette Française

Déforme moi jusqu’à la laideur

C’est fou ce que tu as une belle peau

Le récit (fiction après documentaire) débute…

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