Manuel Sanchez et Dominique Pinon sont venus présenter La dorMeuse Duval au Mazarin ce samedi 11 février 2017 devant des spectateurs nombreux et ravis de la projection.
Ce film, adaptation libre du roman Les bottes rouges de Franz Bartelt, a été tourné dans les Ardennes. "Le milieu ouvrier, la vie des gens simples, tout cela me tient à coeur". Manuel Sanchez rappelle d'ailleurs que durant la vingtaine d'années qui séparent ses deux longs métrages, Les Arcandiers et celui qu'il présentait ce soir, l'idée lui était venue de devenir avocat pour les plus démunis.
Au cours de la discussion nous comprenons qu'à l'intrigue du roman d'origine, Manuel Sanchez a mêlé les sujets inhérents à sa personnalité : la littérature, la poésie, le théâtre, la musique, le monde ouvrier et la question des injustices sociales. Ainsi, le journaliste de la gazette locale écrit, et il lit Salammbô, Rose magnifiquement et follement jouée par Marina Tomé, danse au rythme du Boléro de Ravel, des allusions sont faites à Verlaine et Rimbaud, dont le titre du film, liées à la route des Ardennes et à l'expérience documentaire du Voyage en Rimbaldie réalisée par le réalisateur, Maryse (Delphine Depardieu) joue Des Souris et des Hommes de Steinbeck, elle s'est brûlé les ailes sur Paris et revient à la source au sens propre comme au figuré, Basile incarné avec force et sensibilité par Dominique Pinon, est magasinier dans une usine et pense que la qualité de son travail le sauvera de tous les ouragans.
L'amitié entre Basile et le voisin journaleux romancier poète, est l'un des fils forts dont le film est tissé. Pudique et indéfectible. "J'ai trouvé Pascal Turmo au dernier moment mais ce fut une évidence. Ces deux-là, Pascal et Dominique, ce sont des chevaux de course, il a fallu les retenir dans leur énergie de jeu." Bonne direction d'acteur : la complicité jouée est formidablement juste ; la réserve du journaleux spectateur contemplatif et le sang bouillant de Basile forment un duo auquel on croit complètement.
"J'aime particulièrement mêler le burlesque au tragique". Ainsi Manuel Sanchez tourne en dérision les vices de l'humanité qui constituent en même temps la toile sombre du film. L'alcool, les obsessions sexuelles, la frustration qui conduit aux excès, le sytème déshumanisé qui détruit. Manuel Sanchez aime aussi que la frontière demeure floue entre réel et imaginaire, réalité et fantasme "comme dans nos vies".
"Un rôle comme celui-là, ça ne se refuse pas !" a déclaré Dominique Pinon qui a aussi souligné combien le tournage a été difficile car le peu de moyens imposait un planning de tournage découpant en petits morceaux le scénario dans le désordre comme "un puzzle". Sa performance n'en est que plus méritante : quelle énergie et quelle sensibilité dans ce rôle d'homme faible ! Manuel Sanchez scénariste, réalisateur, producteur (Quizas) mais aussi distrubuteur : il doit faire les démarches nécessaires pour trouver des salles qui projèteront son film. Soutenons le dans cette démarche, parlons en autour de nous, et peut-être, qui sait, la télévision lui proposera une diffusion grandement méritée. Tous nos encouragements M. Sanchez et merci à l'ACNE et au cinéma Mazarin !
